Kéram’arts, une double renaissance
La manufacture de faïences d’art et de décoration Kéram’arts est active depuis le début de l’année 2019 à CHÂTEAUROUX (36000), en plein Berry, terre de tradition pluriséculaire de céramique.
Elle est donc issue de la reprise de la faïencerie de la Boissatte qui fut implantée pendant une quarantaine d’années à Clugnat (Creuse). C’est ici sa première renaissance.
La seconde renaissance concerne les salariés. Parce qu’ils sont handicapés, ils sont confrontés à une bien plus grande difficulté que les chômeurs en bonne santé quand il s’agit de trouver un emploi. Les statistiques révèlent que les handicapés sont deux fois plus longtemps au chômage que les autres. La double peine, en somme.
Kéram’arts les emploie parce qu’elle est une « entreprise adaptée » au sens de la loi, c’est-à-dire qu’elle a, aujourd’hui, l’obligation de compter au moins 80 % de ses salariés reconnus handicapés par la médecine du travail. Kéram’arts en compte plus de 90 % !
La plupart du temps, les travailleurs handicapés sont, du fait de leur handicap, confinés à des tâches subalternes, accessoires, peu gratifiantes. Cette réalité, pour choquante qu’elle puisse paraître, est difficile à contrarier parce que les Handicapés sont généralement empêchés de réaliser certains gestes.
Kéram’arts a pris le problème à l’envers.
Au lieu de les astreindre à des travaux peu attrayants, les céramistes de l’atelier berrichon sont autonomes : chacun à son poste, sur les tables de coulage, au finissage, à l’émaillage, auprès des fours, sait ce qu’il a à faire, surveille lui-même l’évolution de ses actions au fil de la journée pour fournir les pièces dont il a la charge.
Est-ce plus compliqué de faire confiance et de déléguer ? Oui, sans doute mais c’est tellement plus gratifiant pour les opérateurs !
Et c’est collectivement – patron inclus ! – chaque fin de journée, que se prépare la barbotine dans le mélangeur dont on aura besoin le lendemain matin. Certes, il est sans doute plus souple de déléguer dans une toute petite équipe mais il convient de ne pas oublier que ces salariés ne connaissaient rien à la fabrication d’objets en faïence avant d’entrer à Kéram’arts et qu’ils sont devenus responsables de leur travail dès la fin de la première semaine d’activité.
Bien entendu, ils « ne savent pas tout » de ce métier en quelques mois car, utilisant une matière première vivante – l’argile dont on fait la barbotine – ils en découvriront les fantaisies et les mystères tout au long de leur pratique, des années durant. Cependant, ils maîtrisent très vite la manière de la tenir pour en obtenir, au sortir des moules en plâtre, des objets décoratifs. La collection Kéram’arts en porte le lumineux témoignage.